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MER ROUGE



Les yeux ensanglantés de pourpre et de carmin,
Cette nuit j’ai noyé le spleen qui me consume
Dans les flots cramoisis d’un océan de vin.

J’ai bu. Pour me soûler j’ai bu jusqu’au matin
Le bourgogne entêtant dont la vapeur embrume
Les yeux ensanglantés de pourpre et de carmin.

Et voici qu’ivre-fou, liquide pèlerin,
Mon corps danse au hasard, fouetté de rose écume,
Dans les flots cramoisis d’un océan de vin.

Point de bords. Un ciel rond qu’interrogent en vain
Dans la viduité de sa vaste amertume
Les yeux ensanglantés de pourpre et de carmin.