DELICTA MAJORUM
Tandis que le printemps comme un baiser voltige
Sur les lèvres en fleurs et les lèvres des fleurs,
Que la brise de mai souffle un nouveau vertige
Dans les jardins parés de nouvelles couleurs,
Tandis que palpitant d’audace et de tendresse
L’ardent jeune homme étreint la vierge aux seins naissants
Et qu’à l’aimé rendant caresse pour caresse
Elle ouvre à ses désirs ses bras éblouissants,
Sous la peau souple et fraîche et sa blancheur nacrée,
Sous les duvets d’or pâle et les bouches de feu,
Sous les fronts qu’illumine une beauté sacrée,
Sous les yeux où les dieux mirent leur doux ciel bleu.
Dans ses fleuves cachés, sans répit, le sang roule
Comme un venin fatal les forfaits des aïeux
Et l’invisible flot circule dans la foule
Portant avec le mal la vengeance des dieux.