Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Douce énigme de chair ! Ensorcelant problème
Qu’aux sens inquiets pose un sphynx voluptueux !
De honte et de frayeur tremble quiconque t’aime
Et quiconque t’a vu brûle de mille feux.

Femmes et jeunes gens en frémissant t’admirent,
Enviant les beautés de ton corps surhumain ;
Pâles, les yeux baissés, ils pleurent, ils soupirent,
Sur leur cœur affolé pressant parfois la main.

Quelles sont, disent-ils, les belles immortelles
Dont la grâce parfaite égale ces splendeurs ?
Quel jeune dieu, lumière et printemps, disent-elles,
Mêle à tant de fraîcheur d’aussi tendres ardeurs ?

Ah ! boire éperdument sur une même bouche
Les baisers d’Aphrodite avec ceux d’Adonis,
Et dans un même corps à nul amour farouche
Trouver en frissonnant tous les péchés unis !

Pour toi le Docteur Faust eût quitté Marguerite ;
Aux jardins de Téos le vieil Anacréon
Eût délaissé Bathylle ; et Sapho dans leur fuite
N’eût plus voulu poursuivre Erinna ni Phaon.