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« Ne baissez point les yeux ! Vous m’aimez ; je vous aime.
« Mon sang coule et pourtant j’ai cessé de souffrir :
« Il inonde ma chair d’un bien-être suprême
« Et je sens tout mon cœur se fondre et défaillir.

« Que le ciel est brillant ! Que la terre est splendide !
« Quels parfums caressants voltigent dans les airs !
« La brise fait vibrer une clarté candide ;
« La lumière ruisselle et dissout l’univers.

« Le monde entier n’est plus qu’une aveuglante flamme,
« Elle brûle mes yeux, ivres de volupté,
« Elle coule en mon corps… elle envahit mon âme…
« Ô Mort !… suprême extase !… éternelle clarté ! »

— Mais les jeunes bourreaux, que ce spectacle étonne,
Sentent sourdre en leur trouble un plaisir douloureux,
Car la beauté du sang qui jaillit et bouillonne
Suscite étrangement des frissons amoureux.