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« Mais nous brûlons d’amour et de miséricorde :
« Dieu, pour te rendre bon, que le Destin t’accorde
« De n’être, un jour, qu’un homme, et de pouvoir souffrir
« Et de pouvoir aimer enfin jusqu’à mourir !… »

Or, un homme eut pitié de ce Dieu misérable.
Il assuma le poids de son œuvre exécrable
Et tenta d’expier les crimes du Seigneur.
Ô Christ ! Le créateur put trouver un Sauveur !…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Il était doux et pur comme un lys de lumière ;
La bonté parfumait sa bouche printanière ;
Ses doux propos chantaient comme de gais oiseaux.
Au bord d’un lac tranquille, assis dans les roseaux,
Il contait doucement de fraîches paraboles ;
Les ailes de l’amour battaient dans ses paroles
Et ceux qui l’écoutaient sentaient fondre leur cœur.
Il chassait les démons, la haine et la rancœur
D’un geste harmonieux et d’un calme sourire.
Sur la nature entière exerçant son empire
Il n’avait qu’à parler, l’eau se changeait en vin
Et pour nourrir un peuple il suffisait d’un pain.
Il guérissait d’un mot, sous les obscurs portiques,
Les aveugles, les sourds et les paralytiques.
Et quand il se penchait sur l’humaine douleur
Ses lèvres tendrement enfantaient le bonheur.
Dans la joie et l’amour il fondait son royaume.
Sur tous les cœurs blessés versant l’huile et le beaume,