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LE DÉMON DU CALVAIRE



I


Dans l’oratoire obscur où brûle une veilleuse,
À genoux pour dompter ma révolte orgueilleuse,
Je fixe éperdument mon regard éperdu
Sur un tableau bizarre au vieux mur suspendu.

Là roulent à grands flots sur les choses chagrines,
Au fond d’un ciel verdâtre aux lueurs sous-marines,
Des nuages houleux où nagent des corbeaux.
Il y passe parfois des lueurs de flambeaux
Ou de lointains reflets de flammes infernales.
Et le vent et la pluie, et la grêle en rafales
Soudain font rage avec de rauques hurlements.
C’est la sinistre nuit des épouvantements.
Les démons ailés d’ombre errent dans la tempête
Et brûlent les rochers de leurs ongles. Au faîte
D’un roc lugubre et noir on aperçoit des croix.
Des brouillards ténébreux les baignent toutes trois,