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L’ESCALIER DU CŒUR


À Maurice Cartuyvels.


C’est l’escalier du cœur, — un royal escalier
Étageant dans le ciel ses blancs degrés d’opale,
Où des dieux lumineux, de palier en palier,
Mêlent aux astres d’or leur tête triomphale.

Leur sourire embaumé des roses du matin
Allume dans l’azur une divine aurore
Et la nuit les revoit, qui dans l’éther lointain
Font naître des soleils et des soleils encore.

L’éternelle beauté rayonne dans leurs yeux
Et l’éternel amour fait leurs lèvres de flamme.
— Mais l’escalier descend loin du séjour des dieux,
Jusques aux souterrains tortueux de notre âme.

Sa spirale au milieu d’une morne épaisseur
Plonge et se tord, toujours plus étroite et plus sombre,
La torche tremble, siffle et halette de peur
Comme nous descendons au Royaume de l’Ombre.