Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




L’AMOUR DANS LES LARMES



Éteins, ô cœur en feu, ta flamme et ton délire !
Tu rêvais le bonheur ? La souffrance est ton lot.
Le ciel ne t’a donné qu’un éternel sanglot :
Où brûle plus d’amour, saigne plus de martyre.

Ah ! qu’importe le mal aigu qui me déchire
Comme les fers glacés de mille javelots
Et qu’importent mes pleurs qui coulent à longs flots ?
Je veux aimer ! L’amour dans les larmes m’attire.

Toi, de qui les chers yeux font tant pleurer mes yeux,
Toi, qui très doucement m’as exilé des cieux
Où mon âme à ton âme était naguère unie,

Jusqu’au dernier soupir tu peux me torturer :
Mourant, je bénirais encor mon agonie,
Car je ne puis, hélas ! cesser de t’adorer.