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Quand les sens abreuvés d’un dégoût plus amer
Que l’absinthe et le fiel, maudissent la nature ;
Quand portant sa pensée ainsi qu’une blessure
L’âme implore les cieux interdits à la chair ;

Quand la terre apparaît comme un charnier immonde
Où la vertu pourrit à côté de la foi,
Je pense à toi, le cœur en feu, je pense à toi,
Ô mon fils idéal qui n’es point de ce monde !

Enfant trois fois heureux, qui ne vis qu’en mon cœur,
Enfant que nul péché ne forcera de naître,
Dans mon rêve ébloui, qui seul te donne l’être,
Tu rayonnes d’amour, de joie et de bonheur.

Je te vois tout mignon, mêlant tes boucles blondes
Aux rayons chaleureux et dorés du soleil,
Dansant parmi les fleurs comme un oiseau vermeil
Et ravissant les bois de chansons vagabondes.

Tu ris d’un rire clair, qui réjouit l’azur ;
Tes baisers radieux s’en vont à tire d’ailes
Aux quatre coins des cieux comme un vol d’hirondelles ;
Tes yeux d’ange sont bleus comme un ciel toujours pur.