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AUTREFOIS



J’ai respiré l’amour comme un bouquet de fleurs,
Dont les parfums légers et les fraîches couleurs
Faisaient voltiger mes baisers, ivres de joie,
Tels que des papillons de velours et de soie.

J’ai savouré l’amour comme un fruit succulent,
Qui fondrait dans la bouche, exquis, discret et lent.

Ô coupes de saphir où mousse la lumière,
Les yeux bleus m’ont versé l’ivresse printanière !
Ô coupes de rubis où bouillonne le sang,
Les bouches m’ont versé leur vertige puissant !…

— Tombez sur le passé, brumes de la mémoire !
Puis, enveloppe-moi, nuit profonde, nuit noire,
Dans les plis désormais inertes du linceul
Où je vais m’endormir froid, immobile et seul.