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Coupant, fendant, creusant les chairs
Avec des hâtes convulsives
Et les repliant toutes vives
Comme deux volets large ouverts,

Et j’arrache en criant de joie,
Rouges, fumants et bondissants,
Les cœurs vierges, les cœurs puissants,
Les cœurs d’amour, les cœurs de proie.

Et de tous ces cœurs comprimés
Je construis mes sombres statues,
Dressant leurs forces éperdues
En gestes cruels ou pâmés.

Les mains qui les ont caressées
Sont pleines d’un sang rouge et frais
Charriant des instincts secrets,
Des volontés et des pensées.