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LE BANQUET



De son vol membraneux aux rouges doigts phalliques,
En riant aux éclats de son rire brutal,
Satan m’a transporté dans les siècles antiques
Sur la terrasse d’un palais oriental.

Les clairs porphyres par colonnes colossales,
Sous les plafonds d’ébène incrusté de corail
Élèvent la splendeur despotique des salles
Où rutile un festin sur les tables d"émail.

Les femmes, les guerriers, les prêtres et les princes
Boivent les vins ardents où rit l’or du soleil,
Et les pages fluets, allongeant leurs bras minces,
Leur présentent les mets sur des plats de vermeil.

Moi, je me suis assis à la table royale
Où, vêtu de velours et couvert de bijoux,
Majestueusement préside, triste et pâle,
Un beau Christ orgueilleux aux profonds cheveux roux.