Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jaillis donc de l’étroit goulot, faste puissant
Des châteaux pavoisés et des salles royales,
Des piliers incrustés de perles et d’opales
Qu’enlacent les rameaux du corail rougissant,

Des meubles fabuleux chargés d’orfèvreries,
Des métaux ciselés et des cristaux fleuris,
Des tapis d’Orient tendus sur les lambris
Où les chimères d’or crachent des pierreries,
 
Ô rêve merveilleux de magiques palais,
De divans parfumés, de femmes lumineuses,
D’adolescents heureux de leurs chairs vigoureuses
Et de beaux enfants nus aux grands yeux violets !

Là, sur leur siège d’or, les divines Idées,
Que nimbe la splendeur de leur sérénité,
Majestueusement trônent dans leur beauté,
Vierges fières, que nul jamais n’a possédées,

Mais qui bercent pourtant d’un geste harmonieux,
Endormeur des soucis, des douleurs et des fièvres,
Mon cœur sur les rosiers enflammés de leurs lèvres,
Mon âme dans le ciel infini de leurs yeux !