Jardinier qui sentez dans la nuit des cerveaux
Les songes imprévus et les verbes nouveaux,
Fécondez-moi !
Fleuve majestueux, où sur l’eau lente éclate
La gloire des lotus d’azur et d’écarlate,
Submergez-moi !
Tour d’ivoire, château que les tentations
Entourent vainement de leurs obsessions,
Abritez-moi !
Forêt crépusculaire, où les oiseaux nocturnes
Ouvrent leurs clairs yeux d’or et leurs vols taciturnes,
Apaisez-moi !
Porte du paradis, par l’absurde habité,
Haschisch libérateur de la réalité,
Délivrez-moi !
Tapis de velours blanc, où marchent cadencées
D’amples processions d’orgueilleuses pensées,
Exaltez-moi !
Flacon, où tournent dans un cerveau de cristal
Les vertiges du musc, de l’ambre et du santal,
Parfumez-moi !
Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/19
Cette page a été validée par deux contributeurs.