Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




GANYMÈDE



Comme le bel enfant marchait nu, rose et leste
Dans les champs violets et verts d’iris en fleurs,
Un aigle impétueux de la voûte céleste
Fond jusqu’à ses yeux bleus, qui se mouillent de pleurs.

Cher jeune homme, dit-il, tes chairs éblouissantes
Ont enflammé d’amour les Désirs dévorants.
Viens ! je t’enlèverai dans mes serres puissantes !
Viens ! je t’emporterai dans les cieux fulgurants !

Ne crains pas, doux ami, l’orage de mes ailes
Qu’habitent l’ouragan, la nuée et l’éclair ;
Je t’élève au plus haut des sphères éternelles,
Où les dieux souriants rayonnent dans l’éther.

Au séjour lumineux des formes idéales
Assieds-toi, dieu nouveau, dans ta gloire exalté,
Et répands à jamais sur les âmes royales
Mon grand rêve éperdu d’amour et de beauté !