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LA CHIMÈRE



Nulle herbe sur le sol ; nul oiseau dans le ciel ;
Entre les rouges rocs de la gorge terrible
Où souffle, acre et brûlant un simoun éternel,
Seul, le sable en feu coule ainsi qu’un fleuve horrible.

La flamme du soleil a calciné l’azur.
L’air est tout poudroyant de cendre et de poussière.
Mais la roche écarlate est comme un corail dur
Qui sur ses flancs polis fait saigner la lumière.

Sous les blocs sombres s’ouvre un gouffre ténébreux,
Porche noir des flots noirs de la nuit souterraine ;
Des rugissements sourds et des chants amoureux
Y font naître et mourir une rumeur lointaine.