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HIVER



Quel supplice oublié de nouveau me réclame ?
Quelle jeune chaleur fond les anciens glaçons ?
J’entends, j’entends au loin les antiques chansons
Et je te reconnais aussi, terrible flamme !

Les baisers d’autrefois m’ont empoisonné l’âme.
Des plaisirs défendus redoutables rançons,
Mes souvenirs amers sont gonflés de soupçons.
J’ai le cœur à jamais traversé d’une lame.

Comment croirais-je encore à l’amour simple et pur ?
Ma foi d’enfant est morte. Au fond d’un puits obscur
Les vieilles trahisons lâchement l’ont noyée.

Ô toi qui viens trop tard, ô douce fleur d’hiver,
Tu te dessécheras sur la cendre broyée
Où ce qui fut l’amour me ronge comme un ver !