Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Sache tuer en toi la volonté de vivre ;
« Aime sans désirer ; supporte sans souffrir ;
« Libre de tout espoir, toujours prêt à mourir,
« Va, consolé console et délivré délivre ! »

Nous t’écoutons ! Nous te croyons ! nous te suivons !
N’es-tu pas la lumière éternelle du monde  ?
Ah ! Parle ! Sauve-nous ! Et laisse dans l’immonde
Cloaque où, malgré nous, encore nous vivons,

Sur leurs grabats d’ordure et leurs couches de soie
Hennir les cœurs lascifs, hurler les cœurs haineux,
Criant : « Maudit soit-il, l’ennemi de nos dieux !
« Qu’a sauvé ce Sauveur ? Il a tué la joie ! »

— Et voici qu’on entend le Temple épouvanté
Retentir jusqu’au fond des abîmes funèbres
Et redire en l’horreur des tombales ténèbres :
« Homme, que feras-tu de ta Divinité ? »