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Un frêle adolescent, nu, seize ans à peine,
Longs cheveux d’or bouclés, visage adorable,
Bouche aux ailes de feu frôlant l’impalpable,
Contemple sa beauté candide et sereine.

De ses grands yeux d’azur baignés de lumière
Il regarde sans fin sa douce poitrine
Comme un lys enivré de sa chair divine
Que pâme une clarté tiède et printanière.

Ah ! quel voluptueux, quel ardent sourire
Si désespérément soudain se résigne
Et frémit tout le long de ce corps de cygne,
Comme un baiser sans but lentement expire !

Aime-toi, cher enfant, aime-toi toi-même,
Toi pour qui maint désir languit et s’épuise,
Toi pour qui maint cœur jeune et tendre se brise ;
Aime-toi ! Ton amour est l’amour suprême.

Aime-toi ! Quelle chair vaut ta chair ? Quel être
Est digne de baiser tes beaux pieds d’aurore ?
La beauté surhumaine en toi seul s’adore
Et seul ton rêve aimant peut être son prêtre.