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Bois le rhum, où, brûlés du soleil des tropiques,
Le sucre, la cannelle et la muscade en fleur
Parfument la chair brune et les yeux prophétiques,
Les yeux voluptueux, ivres et prophétiques
Et les reins enfantins des femmes de couleur.

Bois le kirsch, turbulent comme l’eau des cascades
Baignant de jeunes pieds sous les fraîcheurs des bois ;
— Le marasquin musqué de fards et de pommades
Que sucent, d’une bouche où luisent les pommades,
Celles qui trônent dans l’or des lupanars. Bois

L’hypocrite kummel, glace et flamme, équivoque
Hékla, rose volcan moqueur, masqué de gel,
Dont le feu boréal comme une aurore évoque
Des roses sous la neige, ô des roses… évoque
Des femmes d’Orient sous un ciel d’Arkhangel.

Pour son ivresse verte aux lacis de liane
Bois l’absinthe éployant des forêts et des mers,
— Les sauvages forêts où danse Viviane,
Où Merlin dort aux pieds charmeurs de Viviane,
Sous la verdure rauque au bord des flots amers.