Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Danse, danse et triomphe, ô Prince des Baisers,
Et brandis d’un poing fort, dans le palais en fête,
Par ses cheveux royaux l’épouvantable tête
Qui souille d’un sang noir tes rubis embrasés.

Celle qui fit tomber les têtes prophétiques,
La Reine bestiale aux plaisirs assassins,
Le glaive l’a frappée, et de ses larges seins
Tes pieds foulent, vainqueurs, les chairs aromatiques.

Autour de toi les yeux battent comme les cœurs,
Des orages de sang soulèvent les chairs folles,
Et des soupirs brisés et de molles paroles
Te caressent de leurs haletantes ardeurs.

Danse et triomphe encor ! Dans le palais en fête
Nous t’offrons à genoux des lys éblouissants.
Sois béni dans les fleurs, la musique et l’encens,
Toi, l’éternel vengeur du Prêtre et du Poète !