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Tes pieds blancs sont pareils à deux blanches colombes
Qui caressent le sol de leur doux vol d’amour ;
Tes genoux font pâlir les lys ivres du jour ;
Et quel soleil de flamme a l’éclat de tes lombes ?

Ta poitrine sublime est le temple de chair
Où les baisers iront en long pèlerinage ;
Un rire éblouissant sur ton divin visage
Passe comme le vent lumineux sur la mer.

Tes yeux purs sont plus bleus que l’eau d’un lac limpide
Où, comme des poissons d’or, de pourpre et d’argent,
Nagent tous les désirs d’un cœur jeune et changeant
Et les hardis vouloirs de ton âme intrépide.

Mais ta bouche, oh ! ta bouche, ô large rose en feu,
De vin rouge et de sang enivrant ses pétales,
Ô plaie aux blancs éclairs de cruelles dents pâles,
C’est l’holocauste en flamme où saigne et règne un dieu !

Je te salue, enfant plein de grâces fatales.
Les bouches t’ont maudit, les cœurs sont avec toi.
Ô bel ange stérile, ô précurseur de quoi ?
Quel règne annonces-tu parmi nos capitales ?