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Ma bouche lourde, aux doux et mous
Baisers buvant la chair qui vibre,
Ma bouche où vibre, fibre à fibre,
Tel péché de nul prêtre absous,

Ma bouche terrible, ma bouche
Aux lèvres folles de ton corps,
Ô mon ivresse, ô mon remords,
Chère âme enfantine et farouche !

Voici mes yeux de clair métal
Qui vont fouiller comme des sondes
Au fond boueux des cœurs immondes
L’avenir vengeur et fatal,

Mes yeux pareils à des mâchoires
Broyant entre leurs cils puissants
Avec les beaux yeux innocents
De sombres yeux blasphématoires,

Mes yeux, ah ! mes yeux anxieux
De ciel, de miracle et de flammes,
Mes yeux en pleurs, affamés d’âmes
Et repus de corps vicieux.