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Et l’un de l’autre amis, noblement s’occuper
De mériter la gloire & non de l’usurper ?
Parlez ; au bien public s’immolant par malice,
Vengeroit-il le goût, proscriroit-il le vice
Pour l’étrange plaisir de perdre son repos ;
D’être gratifié de la haîne des sots,
Doté sur vos Journaux d’une rente d’injures,
Ou clandestinement diffamé par brochures.
Non, s’il fait dans ses vers parler la vérité ;
C’est qu’au fond de son cœur sa franche probité
Ne fait point retenir la haine vertueuse
Que porte au vice heureux l’équité courageuse
Et cette impatience & ce loyal mépris
Que tout mauvais Auteur inspire aux bons esprits.
À la Satire enfin quel Poète fidèle,
Vengeur de la vertu, n’en fut pas le modèle ?
Perse qui vécut chaste en mérita le nom.
Là reposent Condé, Colbert & Lamoignon
Et toute cette cour de Héros ou de Sages
Que Boileau, pour amis, obtint par ses ouvrages :
Interrogez leur cendre ; & du fond des tombeaux,
Leur cendre véridique honorant Dépreaux,
Justifiera son art que vous osez proscrire,
Et ses mœurs, de son siècle éternelle Satire.
Disciple, jeune encor, de ces maîtres fameux,
Sans gloire, & cependant calomnié comme eux,