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Blasphêmer la vertu des Sages de Paris ;
De la chûte des mœurs accuser leurs écrits ;
Tant de fiel corrompt-il un cœur si jeune encore !
Infortuné Censeur, qu’un peu d’esprit décore,
Que vous a donc produit votre goût si tranchant ?
Vous payez cher l’honneur de passer pour méchant.
A-t-on vû votre muse, à la Cour présentée,
Pour décrier les Rois, du Roi même rentée ?
Peut-on citer un Duc qui soit de vos amis ?
Parmi vos protecteurs comptez-vous un Commis ?
Vend-t-on votre portrait ? Quel corps Académique
Vous a pensionné d’un prix périodique ?
Des quarante Immortels Journaliste adoptif,
Êtes vous du Fauteüil héritier présomptif ?
Aux cris religieux d’un Parterre idolâtre,
En face de vous-même, au milieu du théâtre,
Jamais en Effigie assis sur un autel,
Vous a-t-on couronné d’un laurier solemnel ?
Quelle Bourgeoise enfin, quelle Actrice discrette
Plaignant la nudité de votre humble retraite,
De ses dons clandestins meubla votre Apollon,
Et vint avec respect visiter votre nom ?
Tout le monde vous fuit ; votre ami dans la rue
N’osant vous reconnoître, à peine vous salue.
Jamais à vous chanter un Poëte empressé,
De petits vers flatteurs ne vous a caressé,