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tête de ces pages, une corbeille captivante de femmes écrivains. Les noms de M’"" Marg. van de Wiele, de la comtesse L. van den Steen de Jehay, de Jacques Jacquier,de M""" de Tallenay,de Blanche Rousseau, de Marie van Eleghem, de la comtesse Marie de Villermont, de Marie Closset, de Jean Dominique, sont déjà connus. La comtesse Ed. de Liedekerke a, d’une main très délicate, réuni de touchants souvenirs de famille ; nous lisons des proses, d’une sensibilité parfois joliment affinée, signées des pseudonymes de Gabrielle Max, Ernest Maltravers, etc.

Et nous voici donc au terme du chemin. Un dernier mot encore s’impose. Jadis, l’écrivain belge se pouvait comparer au paria. Non seulement on le fêtait peu, mais on l’ignorait. Il n’excitait guère que des quolibets, ou plus cruellement, de dérisoires dithyrambes à rebours. Aujourd’hui, tout cela est changé. Le gouvernement honore et encourage très souvent les artistes de la plume. Le Belge, sans doute, n’a pas encore complètement lié partie avec eux. Des malentendus assez graves les séparent toujours, parmi lesquels cette incuriosité de la race pour les choses de la littérature, qui s’est précisément heurtée au groupe des écrivains les plus intransigeants et les plus fanatiques d’art pur et même un peu fermé que l’Europe moderne contienne. Mais, enfin, ces littérateurs sont connus, réputés, salués avec déférence. Et ce grand progrès gagné sur les anciens dédains, n’est-ce point beaucoup à l’effort de nos revues et de nos critiques littéraires qu’il est dû ?

Les revues littéraires belges sont peu nombreuses, pourtant. Le mouvement avait commencé dans l’assaut donné par les petites revues, la Jeune Belgique, aujourd’hui morte, en tête. Il y eut aussi le