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aquafortistes ou des peintres à la plume dont l’ambition principale semble avoir été de nous mettre sous les yeux le pays de leurs prédilections, le sol auquel ils tiennent par les fibres mêmes de leur’ cœur. Mais il en est d’autres que cette préoccupation ne hante guère, ou ne hante que tout accidentellement. Dégagés des attaches terriennes ils portent leurs investigations surtout dans les âmes, sans vouloir s’astreindre à l’observation immédiate et directe, soit des contrées où ils vivent, soit même des hommes de leur pays. Nous ne dirons point cela, certes, à propos du très beau roman historique que vient de publier M. Henry Carton de Wiai t, car, dans la Cité ardente, tout trahit l’amour du sol natal, tout célèbre l’indestructible lien qui attache l’homme au coin de la terre où vécurent ses ancêtres et pour l’intégrité duquel ils ont versé leur sang. Mais nous le dirons pour M. Maurice de Waleffes, auteur d’un remarquable roman de mœurs égyptiennes antiques, le Peplôs Vert, et pour M. Henri Vignemal, dont les romans de belle tenue et de psychologie minutieuse (Double jeu, Méprise tragique, etc.), manquent seulement un peu de personnalité, en dépit delà langue ciselée dans laquelle ils sont écrits ; pour les études travaillées et hardies du comte Albert du Bois, [Amours antiques, Leuconoé, etc.) qui tantôt évoquent la séduction du paganisme grec et tantôt s’amusent aux ironies parisiennes ; pour les scènes joliment dialoguées par M. H. Davignon, qui vient de nous donner une exacte étude de la sentimentalité propre aux classes élégantes en Belgique : Le courage d' aimer ; et nous le dirons un peu aussi à propos des romans très attrayants et trop clairsemés de M. G. Rency, l’Aïeule, par exemple, qui accuse une culture littéraire raffinée en même temps qu’une émotivité si loyale et si pressante ; nous le dirons, surtout, pour les pages lumineuses et fluides, mais