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Dieu vain ! qui de nous deux soumit plus de mortels ?
Mon génie en un jour fit plus de criminels
Que ce Ciel où s’endort ta molle nonchalance
Ne verra d’innocents célébrer ta clémence.
Je suis vainqueur. Sur son Trône bravé,
Dieu l’entend, se détourne : il ne l’a plus trouvé.

Que sont-ils devenus ces peuples de coupables
Dont Sion vit ses champs couverts ?
Le Tout-Puissant parloit : ses accents redoutables
Les ont plongés dans les Enfers.
Qu’ils vivent de Satan victimes immortelles :
Un moment a vu naître & finir leur bonheur ;
Mais les tourments de ces âmes rebelles
Doivent durer autant que le Seigneur.

Le Juste enfin remporte la victoire,
Et de ses longs combats, au sein de l’Éternel
Il se repose environné de gloire.
Ses plaisirs sont au comble, & n’ont rien de mortel :
Il voit, il sent, il connoît, il respire
Le Dieu qu’il recherchoit, dont il aima l’empire ;