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Sitôt qu’aux champs de l’air l’œil du jour étincelle,
Sur les pas de la Croix qui marche devant elle,
Toute une nation, les enfans, les vieillards,
Les vierges, les époux, les esclaves, leurs maîtres,
Conduits en ordre par nos prêtres,
Du nom de l’Éternel remplissent tes remparts.




Mais que vois-je ? où vont-ils ces fils de la Victoire,
Ces guerriers mutilés, chargés d’ans & de gloire,
Restes d’hommes, jadis l’effroi de nos Rivaux ?
Pourquoi ce front baissé, ces bras dépouillés d’armes ?
Pourquoi ces prières, ces larmes
Et ces Chefs consternés qui suivent leurs drapeaux ?




Ô ferveur ! ô d’un Dieu triomphe mémorable !
Pleins de la même foi, que ce peuple innombrable,
Dans cet humble appareil implorant ta pitié,
Seigneur, ils vont t’offrir, pour calmer tes vengeances,
Et leurs lauriers & les souffrances
D’un corps, dont le tombeau possède la moitié.