Sitôt qu’aux champs de l’air l’œil du jour étincelle,
Sur les pas de la Croix qui marche devant elle,
Toute une nation, les enfans, les vieillards,
Les vierges, les époux, les serviteurs, les maîtres
Conduits en ordre par nos prêtres,
Du nom de l’Éternel remplissent tes remparts.
Mais que vois-je ? où vont-ils ces fils de la victoire,
Ces guerriers mutilés, chargés d’ans et de gloire,
Restes d’hommes, jadis l’effroi de nos rivaux ?
Pourquoi ce front baissé, ces bras dépouillés d’armes ?
Pourquoi ces prières, ces larmes,
Et ces chefs pénitens qui suivent leurs drapeaux ?
Ô ferveur ! ô d’un Dieu triomphe mémorable !
Pleins de la même foi que ce peuple innombrable,
Dans cet humble appareil implorant ta pitié,
Seigneur, ils vont t’offrir, pour calmer les vengeances,
Et leurs lauriers et les souffrances
D’un corps dont le tombeau possède la moitié.
Ciel ! quel vaste concours ! agrandissez-vous, temples ;
Peuples, prosternez-vous ! Soleil, qui les contemples,
Éclairas-tu jamais des spectacles plus saints ?
Torrens des airs, craignez d’interrompre ces fêtes !
Taisez-vous, foudres et tempêtes !
Jours de paix, levez-vous toujours clairs et sereins !
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