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De peur d’être blâmé, ne blâme jamais rien;
Dit Voltaire un Virgile, 8c même un peu chrétien *
Et toujours en Fhonneur des tyrans du Parnasse,
De Madrigaux en prose allonge une Préface :
Mais trois fois plus heureux le jeune-homme prudeiiç
Qui de ces Novateurs enthousiaste ardent,
Abjure la raison, pour eux la sacrifie;
Soldat sous les drapeaux de la Philosophie.
D’abord, comme un prodige, on le prône par-tout :
II nous vante ! en effet c’est un homme de goût :
Son chef-d’oeuvre est toujours Pécrit qui doitéclorre;
On récite déjà les vers qu’il fait encore :
Qu’il est beau de le voir, de dinés en dinés,
Officieux Lecteur de ces vers nouveaux nés,
Promener chez les Grands fa Muse bien nourrie !
Paroit-il ; on Fembrasse : il parle ; on se récrie :
Fût-il un Durosoy, tout Paris Fapplaudit;
C’est un Auteur divin ; car nos Dames Font dit :
La Marquise, le Duc, pour lui tout est Libraire ;
De riches pensions on Faccable ; 8c Voltaire
Du titre de Génie a foin de Fhonorer
Par Lettres, qu’au Mercure il fait enregistrer.
Ainsi, de nos tyrans la Ligue protectrice
D’une gloire précoce enfle un rimeur novice :
L’Auteur le plus fécond, fans leur appui vanté f
Travaille dans l’oubli pour la postérité ;
Mais