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Un vers coûte à polir & le travail nous pèse J
Mais en prose du moins on est sot à son aise.
Par-tout le même ton : chaque Muse en ses chants.
Aux dépens du vrai goût fait la guerre aux méchans:
Le plus lourd Chansonnier de l’Opéra-Comique
Prête à son Apollon un air philosophique,
Et des vers font charmans, si peu qu’ils soient moraux.
Mais de la Poésie usurpant les pinceaux,
Et du nom des vertus sanctifiant sa prose,
Par la pompe des mots FEloquence en impose :
Que d’Orateurs guindés qui se disent profonds ’
Se tourmentent fans fin, pour enfanter des sons !
Dans un livre où Thomas rêve, comme en extase,
Je cherche un peu de sens & vois beaucoup d’emphase.
Un plaisant, des dévots Zoïie envenimé,
Qui nous vend, par essais, le mensonge imprimé,
Des oppresseurs fameux développant les trames,
Met, pour mieux Fannoblir, FHistoire en Epigrammes:.
Chaque genre varie ail gré des Ecrivains
Et ne connoît de loix, que leurs caprices vains.
Sans doute le respect des antiques Modèles
Eût, au Vrai ramené les Muses infidelles :
Eux seuls, de la nature imitateurs constans,
Toujours lus avec fruit, font beaux dans tous les temps;
Heureux qui, jeune encore, a senti leur mérite!
Même, en les surpassant, il faut qu’on les imite :