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Abhorre, ne plaint point, déchire son semblable.
De Thomme avec regret l’homme apaise la faim ;
Qui semble malheureux, à nos yeux est coupable ;
Tous les cœurs sont d’airain ; le grand est orgueilleux,
L’univers est un temple où Ton voit l’injustice
Se targuer sur l’autel, un sceptre dans la main.
La modeste vertu, victime du dédain,
Y marche l’œil baissé devant l’éclat du vice ;
Et les pâles talents , gênés dans leur essor x ,
Tombent découragés et meurent d’indigence,
Sous l’ombre d’un laurier qu’on leur dispute encor 2 ;
Tandis que, sous le dais, l’opulente ignorance,
Loin de les soulager, insulte à leurs soupirs,
Et, tranquille, s’endort au milieu des plaisirs.
Et je vivrois encor dans ce coupable monde !
Non : autant mes destins 3 y furent douloureux,
Autant pour lui ma haine est brûlante et profonde.
Tigres, daignez m’ouvrir vos séjours ténébreux 4 ;
1 Première leçon :
Et les pâles talents , couchés sur des grabats , Y veillent consumés par la faim qui les presse , Tandis crue , s’égayant , chantant dans la paresse , L’ignorance au teint frais s’endort sous le damas. 2 Ce vers et le précédent se trouvent aussi dans le Poète malheureux
3 Première leçon :
Mes malheurs.
4 Première leçon :
Tigres, recevez-moi dans vos séjours affreux :