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la folie n’est pas toujours celui de la conscience.[1]

Quelle horrible perfidie! quelle insidieuse noirceur dans toutes ces insinuations! Remarquez que c’était à un étranger, à un homme qui ne pouvait vérifier le fait, qu’on écrivait que Gilbert, qui ne buvait pas de vin, avait dérangé sa raison par l’excès du vin ; que c’était à lui qu’on laissait croire, avec une restriction douce digne de Tartufe lui-même, que ce malheureux Gilbert pourrait bien avoir commis quelque grand crime, et qu’on relevait la possibilité de ces infamies en terminant cette abominable lettre par un jugement littéraire qui a une certaine apparence d’impartialité. Le sang bout, le cœur se soulève à cette lecture; et le transport de l’indignation fait à peine place à la pitié, quand on se rappelle que l’implacable inimitié de Laharpe avait au moins un motif assez légitime :

C’est ce petit rimeur de tant de prix enflé,
Qui, sifflé pour ses vers, pour sa prose sifflé.
Tout meurtri des faux pas de sa muse tragique,
Tomba de chute en chute au trône académique.

  1. Correspondance littéraire, t. III, p. 166.