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puissance de l’intellect ne peut en venir à bout. Il ne peut être vaincu que par l’amour. Et Novalis l’a mieux que personne senti et fait sentir.

Il a compris que l’essence de l’amour n’est pas l’union réalisée, bonheur statique incompréhensible. L’amour n’unit pas, il réunit dans un divin état de reconnaissance ce qui a été à l’origine cruellement séparé, retranché, coupé en deux, sans jamais oublier le déchirant souvenir de l’unité perdue.

Et il nous semble que la vie se plie à la pensée obsédante du poète et non l’inverse. Ainsi le grand événement de la vie par ailleurs calme et sans ride de Novalis, fut son amour pour Sophie von Kühn, enfant de quinze ans.

Mystérieusement, à des siècles de distance, devait renaître le drame de Dante et de Béatrice. Dans les deux cas, c’est le drame du poète visionnaire, pris d’un amour mystique pour une vierge enfant que la mort lui arrache prématurément.