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L’amour est comme la mer. Son rythme est celui du cœur et celui de l’univers. Comme la mer, tour à tour en son sein, l’amour reflète et répercute les passions humaines. L’amour monte comme une marée invincible et submerge l’être aimé dans des ondes infinies de tendresse jusqu’au bonheur de l’union, marée haute, mer étale. Mais l’amour aussi se retire en gémissant, comme la mer sous la succion de la lune abandonne peu à peu de grands déserts de sable, jusqu’à la marée basse de la séparation, étendue aride à peine parsemée çà et là des flaques d’eau amère du souvenir.

Bruit de mer de l’amour, ce doit être ton grondement immense qui a fait croire aux pâtres de jadis qu’ils entendaient la translation des sphères.

Poèmes d’amour, grandes plaintes tantôt pleines de soupirs et tantôt pleines de cris, grandes voix monotones, vous chantez à travers les âges, et rien ne peut altérer la pureté de votre chant. Les guerres et les pestes passent, mais l’amour demeure.