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Nous ne sommes pas de ceux pour qui la poésie se réduit à célébrer l’amour profane. D’abord parce qu’il est d’autres sujets poétiques. Ensuite parce que maintes considérations qu’il serait oiseux de développer ici donnent sérieusement à penser que dans le domaine de l’effusion lyrique l’amour sacré a précédé l’amour profane.

Contrairement à l’opinion admise par les philosophes du xviiie siècle, ce n’est pas l’auteur du Cantique des Cantiques qui a emprunté ses images poétiques à des chants d’amour profane mais, bien au contraire, c’est à la suite d’une sorte de dégradation, de déviation, que le sentiment d’amour divin, dialogue sacré où l’âme jouait le rôle de la femme, a peu à peu été oublié et que la figure seule de la femme est restée.