Page:Gilbert-Lecomte – Monsieur Morphée empoisonneur public, paru dans Bifur, 1930.djvu/2

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cet essai est une mise au point du problème des stupéfiants : il n’honore pas les législateurs et les journalistes qui l’ont malproprement escamoté.

MONSIEUR MORPHÉE
EMPOISONNEUR PUBLIC


Prenez garde, car vous avez la maladie
Dont je suis mort.
M.  Rollinat.


La mort… c’est le but de la vie.
Charles Baudelaire.


Si Claude Farrère, et puisse-t-il ne jamais se repentir de ce qu’il a fait de mieux au long, trop long, de sa carrière, si Antonin Artaud et surtout, magnifiquement, Robert Desnos ont, tour à tour, seuls entre tous, traité du problème des drogues sans tabou sur l’esprit depuis la promulgation de la loi inintelligente de prohibition (juillet 1916), tout n’est pas dit et la protestation ne doit pas faire silence : jamais elle ne sera plus actuelle qu’à l’heure présente pour répondre à la diarrhée journalistique documentaro-moralisatrice et surtout policière sur les « paradis artificiels » (sic et resic et resic). Quotidiens et hebdomadaires illustrés ou non ne cessent d’en barbouiller leurs colonnes sous forme de reportages retentissants pondus par des scribes de toutes opinions et de tous sexes dont le seul caractère commun est une foncière impuissance à envisager proprement une question sans se faire l’écho des préjugés grossiers de leurs lecteurs. Qu’il se présente, le pétrone à deux sous la ligne qui « flétrit les vices » dans un dessein moins abject que d’assaisonner son texte par les