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s’attache à la sœur d’Ariane. Il m’est impossible de l’imaginer ayant peur, et quand, dans le labyrinthe, il s’avance, c’est Ariane qui craint qu’il ne s’égare, ce n’est pas lui. Ce fil qu’elle attache à sa main l’importune, et, dès la première escale, il le rompt. Je l’imagine à la cour de Minos, inquiet de savoir quelle sorte d’inavouable monstre peut bien être le Minotaure ; s’il est si affreux que cela, ou s’il n’est pas charmant, peut être ? Il enlève à la fois les deux filles du futur juge des enfers ; de l’une il est aimé ; il aime l’autre, la cadette ; qui lui préfèrera son fils. Il y a dans tous ses exploits quelque chose de plus que hardi, de délirant, d’abominable et de féroce. Rien de philan-