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si spécieusement faisait équivalente du génie, qu’il supplée les dons qui lui manquent. Où ces écrivains nés se jouaient, il peine ; on sent, de phrase en phrase, ahaner laborieusement son effort. Sans chercher au loin, si l’on ouvre la correspondance ou les Memoranda de Barbey d’Aurevilly par exemple, quelle aisance à la fois et quelle carrure ! quelle cambrure ! quel retournement des périodes, quelle abondance, quel bonheur dans le choix des mots, et quel amusement dans les images, quelle sonorité, quel nombre ! D’où vient donc que, pourtant, Flaubert garde pour nous tant d’importance ? qu’il demeure pour nous, ou du moins qu’il soit demeuré si longtemps, un compagnon, un