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que cette idée monstrueuse, plantée au cœur de notre esprit, par la gêne même qu’elle impose à chacune de nos pensées, les amène à cette qualité pathétique dont peut profiter l’œuvre d’art. Et ce qui encourage à penser que l’art même est d’essence religieuse, ce qui peut faire croire, au croyant, que l’art et la puissance de création artistique sont une dépendance de la foi, ce n’est pas seulement le surcroît d’éloquence que doit l’artiste à sa croyance, c’est aussi le surcroît d’accueil de l’auditeur, du spectateur croyant, en face d’une œuvre d’inspiration religieuse ; c’est la mystique communion entre l’artiste et le public, que seule cette croyance commune permet. On est de mèche.