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Parce qu’il m’a toujours été plus facile d’élire ou de repousser au nom d’autrui qu’en mon nom propre et qu’il me semble toujours m’appauvrir en me dessinant, j’accepte volontiers de n’avoir pas d’existence bien définie, si les êtres que je crée et extrais de moi en ont une.

J’imagine souvent telles préfaces à l’Immoraliste, aux Faux-Monnayeurs, à la Symphonie… l’une surtout où exposer ce que j’entends par objectivité romancière, où établir deux sortes de romans ou du moins deux façons de peindre la vie (qui, dans certains romans, se rejoignent).