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rête : « L’on vient trop tard », et que volontiers j’écrirais au début du mien : « L’on vient trop tôt » ; car tant de nouveauté nous accable.

« Les beautés » de La Bruyère sont de celles que l’intelligence suffit toujours à expliquer. Et lui-même est pleinement conscient de chacune. Elle est le résultat du travail. Ni verbale, ni mystique, ni lyrique, ni charnelle, il ne connaît aucune ivresse ; ou du moins ne cède à aucune, car celui qui ne fut jamais ivre n’est qu’un cuistre, et La Bruyère n’en est pas un.

Le livre des Caractères est trop raisonnable pour nous permettre d’y