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probité ” et demande à le reprendre à son service. C’est chez lui que Cordier reprenait déjà du travail deux jours après sa première libération[1].

Il est à remarquer que la déposition de Cordier et celles des deux filles concordent point par point. D’après leur récit, Goret aurait brusquement sauté au cou du marin par derrière et aurait roulé à terre avec lui. Puis, tandis que Lepic le bâillonnait, Goret l’aurait fouillé et aurait passé à Cordier l’argent qu’il trouvait dans les poches. Cet argent, Cordier le repassait presque aussitôt après à Lepic. Goret donnait encore au marin deux derniers coups de pied sur la nuque, et l’on repartait.

Chacun allait de son coté ; mais rendez-vous était pris pour se retrouver un peu plus tard, dans une chambre, rue du Petit Croissant, chez Goret même, et se partager l’argent.

C’est là que la police, aussitôt prévenue par le marin, les arrêta.

Le Président bouscule l’interrogatoire des deux filles. Il appert que les témoins “ de moralité douteuse ” ne jouissent pas d’un grand crédit dans son esprit ; et cela est tout naturel. Malheureusement, ici nous n’avons que ceux-ci pour nous instruire. Gabrielle, pressée de questions, qui se succèdent sans qu’elle ait le temps d’achever ses réponses, et

  1. Je ne donne ici que les renseignements qui nous furent fournis par la Cour, et non ceux que je pus, de mon côté, recueillir ensuite.