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impliqués ces individus ”, comme dit le Journal de Rouen (16 Mai):

C’est le 4 octobre 1911, au soir, que Cordier fît la connaissance de Lepic. Ce dernier, sans doute, eut vite fait de comprendre à quel complaisant débonnaire il avait affaire. Ensemble ils s’en vont aux Folies. La représentation finie, ils commencent à vadrouiller par les rues. Ils croisent deux marins, Braz et Crochu. Crochu est ivre-mort, difficile à traîner ; Braz interpelle les deux autres et leur demande s’ils ne connaissent pas un logement où l’on puisse coucher le soûlard. Tous trois emmènent Crochu rue de la Girafe, chez Lestocard. On le laisse là, et Braz, reconnaissant de l’aide que lui ont prêtée Lepic et Cordier, offre à ceux-ci une consommation.

Ils ressortent, bras dessus, bras dessous de chez Lestocard, et ne se quitteront pas de sitôt. Place du Vieux Marché, ils rencontrent deux femmes, les filles Gabrielle et Mélanie ; les emmènent. Il est deux heures du matin. Place Gambetta, c’est Cordier qui offre une consommation. Puis ils retournent place du Vieux Marché ; au café Fortin Braz paye une nouvelle tournée. A ce moment se joint à eux le jeune Goret. Il était là, dans le café, près du comptoir; lui n’est pas ivre. Quand les autres sortent, il sort aussi. J’admets que Braz, déjà très ivre, ne l’ait pas beaucoup remarqué.

Il est alors près de quatre heures du matin. Braz