parole, donne quelques grands coups de poing sur son pupitre creux, éveillant un tel tonnerre qu’un rire peu décent secoue l’auditoire. Certainement ça ne devait pas faire ce bruit-là.
— Votre maîtresse s’est écriée : “ Ah ! Madame, sauvez-moi ! Il a un couteau ! ” Alors vous avez repoussé Madame Gilet, que votre contact a ensanglantée. “ Retirez-vous ; ça ne vous regarde pas ”, lui avez-vous dit ; puis, vous remettant à frapper la malheureuse, d’un dernier coup vous lui avez tranché la cariatide (sic). (Madame Gilet dira tout à l’heure que le dernier coup était “ porté au front ”). Qu’avez-vous à dire ?
— Je ne me souviens pas de tout cela.
— Pourtant quand les agents, qu’avait été prévenir Madame Gilet, sont arrivés, ils ont été étonnés par votre sang-froid. Vous n’aviez même pas l’air ému, paraît-il. Le couteau était sur la table. Vous vous êtes laissé saisir.
— J’étais abruti d’horreur.
— Non pas ! Vous avez tranquillement dit : “ Avertissez ma femme ”, et comme les agents allaient vous emmener, vous avez demandé la permission de vous laver les mains avant de descendre dans la rue.
— Je me rappelle en effet avoir donné l’adresse de ma femme, pour qu’on la prévienne.
— Ensuite, n’avez-vous pas voulu vous pendre ?
— Jamais.
— On avait cru cela. On avait trouvé dans la chambre un piton, de force à supporter un gros poids ; on a retrouvé