si malingre, à peine s’il paraît pubère ; il tient un papier à la main (je croyais que c’était défendu), un papier couvert d’écritures, qu’il lit et relit avec angoisse ; sans doute il tâche d’apprendre par cœur les réponses que lui suggéra l’avocat.
On a sur lui de déplorables renseignements ; il fréquente des repris de justice et hante les cabarets mal famés. Son casier : huit jours pour abus de confiance, et, peu après, un mois pour vol. Il est accusé maintenant d’avoir “ complètement violé ” la petite Y. D. âgée de sept ans.
Le Président reprend, sans emphase, sur un ton de réprimande presque douce, très apprécié des jurés :
— Eh bien ! mon garçon, c’est pas bien ce que vous avez fait là.
— Je l’vois bien moi-même.
— Avez-vous quelque chose à ajouter ? Exprimez-vous des regrets ?
— Non, M’sieur le Président.
Il est évident pour moi que l’accusé n’a pas compris la seconde question, ou qu’il répond seulement à la première. N’empêche qu’une rumeur d’indignation parcourt le banc des jurés et déborde jusqu’au banc des avocats.
L’avocat de la défense fait demander à ce moment si l’accusé n’a pas été interné à l’hospice général, il y a onze ans ? Reconnu exact.