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N’importe ! il me paraît monstrueux qu’on n’ait pas prêté l’oreille à sa défense. Et plus j’y réfléchis, plus elle me paraît plausible… C’est alors que me vint l’idée (comment ne m’était-elle pas venue plutôt ?) que si la carte postale d’Arthur, ou du moins, suivant ses dires, que si les deux cartes accouplées portaient affranchissement des deux côtés de l’enveloppe, il suffisait que chacun des timbres fût de cinq centimes ; et que, réciproquement, si le timbre sur le morceau de carte retrouvé était un timbre de cinq centimes, il fallait qu’il ne fût pas seul. Le timbre de dix centimes ne prouverait peut-être pas qu’Arthur eût tort ; car peut-être n’a-t-il mis sous même enveloppe les deux cartes qu’après les avoir affranchies… mais le timbre de cinq centimes prouverait sûrement qu’il a raison. Je me promets de demander demain au procureur général, que j’ai le bonheur de connaître, la permission d’examiner dans le dossier d’Arthur le petit morceau de papier.