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III


Il était bien spécifié que mon renvoi de l’École n’était que provisoire. Monsieur Brunig, le directeur des basses classes, me donnait trois mois pour me guérir de ces « mauvaises habitudes, » que Monsieur Vedel avait surprises d’autant plus facilement que je ne prenais pas grand soin de m’en cacher, n’ayant pas bien compris qu’elles fussent à ce point répréhensibles ; car je vivais toujours (si l’on peut appeler cela : vivre) dans l’état de demi-sommeil et d’imbécillité que j’ai peint.

Mes parents avaient donné la veille un dîner ; j’avais bourré mes poches des friandises du dessert ; et, ce matin-là, sur mon banc, tandis que s’évertuait Monsieur Vedel, je faisais alterner le plaisir avec les pralines.

Tout à coup je m’entendis interpeller :

— Gide ! Il me semble que vous êtes bien rouge ? Venez donc me dire deux mots.