Page:Gide - Si le grain ne meurt, 1924.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moi-même je ne m’en rendis point nettement compte au moment même, et que je ne m’expliquai que longtemps ensuite les transports de certaine nuit ; mais pourtant je ne sais quel obscur instinct me retint d’en parler à ma mère :

Rue de Tournon, ma chambre, je l’ai dit, donnait sur la cour, à l’écart ; elle était assez vaste, et, comme toutes les pièces de l’appartement, fort haute ; de sorte que, dans cette hauteur trouvaient place, à côté de ma chambre, au bout d’un couloir qui reliait ma chambre à l’appartement, une sorte d’office qui servait de salle de bains, où je fis plus tard mes expériences de chimie ; et par dessus l’office, la chambre de Marie. On accédait à cette chambre par un petit escalier intérieur qui partait de ma chambre même et s’élevait, derrière une cloison, contre mon lit. L’office et la chambre de Marie avaient d’autre part une sortie sur un escalier de service. Rien de plus difficile ni de plus ennuyeux qu’une description de lieux ; mais celle-ci sans doute était nécessaire pour expliquer ce qui suit… Mais il faut d’abord que je dise que notre cuisinière, qui avait nom Delphine, venait